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mardi 19 avril 2011

Tailler ma route


La semaine dernière j’ai hébergé un délinquant en fuite.

Pas le genre tueur en série en cavale, plutôt le genre jeune fille éduquée par les religieuses qui n’hésite pas à passer du foie gras en fraude au nez et à la barbe de douaniers canadiens. Et du beurre au sel de Guérande pour Sherpapa. Et du thé Mariage Frères et une tonne de macarons Ladurée rien que pour moi. Soyons francs, la gastronomie québécoise n’est pas si pire et on peut très bien survivre sans apport massif de graisses animales franco-françaises, il n’empêche que j’ai apprécié la délicate attention à sa juste valeur… et à hauteur du risque encouru par la contrebandière.

La semaine dernière j’ai hébergé une amie en visite.

Pas le genre qui s’incruste dans votre chalet à Val d’Isère ou votre paillote à Moorea, vide le ballon d’eau chaude et les bonnes bouteilles, plutôt le genre à vous concocter des bons petits plats sans laisser traîner de chaussettes sales dans le salon et à braver le printemps froidureux-pluvieux-boueux-neigeuxfondu d’Alma, car même si on est ardent adepte de la méthode Coué l’hiver québécois j’adore trop surtout au Lac-Saint-Jean, il faut bien avouer que le mois d’avril est… pourri.

La semaine dernière j’ai dit au revoir à mon amie.

Pas le genre faut-il nous quitter sans espoir ce n’est qu’un au revoir mes frères, plutôt le genre je reviens en décembre prochain pour goûter avec vous le vrai hiver canadien. N’empêche, j’ai toujours trouvé moche de dire au revoir, ça a un goût d’amertume et d’échec. J’ai beaucoup dit au revoir ces derniers temps, sûrement trop vite, sûrement trop mal… c’était peut-être l’au revoir de trop.

Alors hier, l’espace de quelques secondes, je me suis demandé ce que je faisais ici au Québec.

Pas le genre remords majeurs ou regrets massifs, plutôt le genre épiphanie labile et transitoire, révélation à retardement de ce qu’on a laissé derrière nous

Tous ces petits moments magiques de notre existence
Qu’on met dans des sacs plastiques et puis qu’on balance
Tout ce gaspi de nos cœurs qui battent
Tous ces morceaux de nous qui partent
Y en avait plein le réservoir au départ

On avance, on avance, on avance
C’est une évidence, on n’a pas assez d’essence
Pour faire la route dans l’autre sens, on avance

On avance, on avance, on avance
Tu vois pas tout ce qu’on dépense, on avance
Faut pas qu’on réfléchisse ni qu’on pense
Il faut qu’on avance.

Finalement c’est Souchon qui a raison.

Enfin peut-être.

Du moins je crois?

2 commentaires:

  1. La révélation de ce que vous aurez trouvé ne se fera qu'au fil des jours et sera forcément éloignée du fantasme que vous en aviez. Alors oui, choisir c'est aussi souffrir et faire le deuil, en toute connaissance de cause. Vivre ses rêves impose à soi et aux autres des sacrifices. Entre les remords et les regrets, en ce qui me concerne, le choix est vite fait et ne vaut que pour moi j'en suis conscient.
    Le temps fera le tri entre les relations authentiques destinées à durer quelle que soit la distance, et celles teintées d'opportunité (je ne le dis pas dans un sens péjoratif). Et dans ce domaine, on peut avoir des surprises. Des bonnes, s'entend.

    En attendant, ben oui faut avancer. Condition humaine ça s'appelle ou un truc du genre.

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  2. Reculer après tout le chemin parcouru? Alors qu'il reste encore tant à faire?
    Sûrement pas!
    C'est juste que le spleen, des fois, ça égratigne un peu le coeur...Le dire et ça va déjà mieux.
    En tous cas merci ;-)

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Et c'est tout! Enfin normalement...
Bisous!