Pages

mardi 5 avril 2011

Confession


Depuis quelques jours je me crois en France…

Rien à voir avec l’arrivée du printemps : il tarde un peu à venir au Lac Saint-Jean alors qu’il paraît qu’il est précoce et tropical à Paris cette année.

Rien à voir avec le fait qu’on a trouvé une fromagerie plus que bien achalandée et que vraiment, vraiment, j’ai un gros faible pour le lait coagulé égoutté fermenté affiné cru de préférence et que mine de rien les cousins québécois savent y faire.

Rien à voir avec le fait que pour accompagner le fromage on a déniché une baguette très très délicieuse, bien au-dessus des standards actuels français.

Rien à voir non plus avec le divin jus de la treille ou toute autre Appellation Lyrique Incontrôlée.

Je tiens d’ailleurs à préciser que je ne suis pas du tout obsédée par la nourriture ou la boisson, quoique un petit colis humanitaire à base de charcuterie et de fromage de pays serait le bienvenu, à bon entendeur...  

C’est juste qu’est venu le temps du sacrifice annuel à cette vénérable institution française qu’est le criss d’ostie de tabarnak de câlisse de sacrament de fisc. Ne riez pas. Ce que je viens d’écrire est excessivement ordurier et je m'en vais d’ailleurs désinfecter mon clavier sept fois au savon de Marseille pour la peine.

Attention, entendons-nous bien, lorsque j’utilise le terme de sacrifice, je ne parle pas du fait de se faire racketter rançonner dépouiller déposséder dévaliser écorcher égorger contribuer par le règlement d’impôts et de cotisations sociales justes et mesurés au fonctionnement efficace et rayonnant des services indispensables à la vie de notre glorieuse société. Je parle simplement de ma déclaration.

L’avantage d’avoir épousé l’homme idéal est que je peux refiler la corvée à Sherpapa. Il râle un peu pour la forme, mais après tout, c’est écrit dans la loi, chacun contribue au ménage selon ses facultés. Je le nourris contrairement à une rumeur familiale persistante qui veut que depuis huit ans je contrôle strictement ses apports alimentaires alors que j’ai juste dit non aux trois kilos de beurre salé hebdomadaires quoi c’est pas ma faute si je suis Breton fais un bilan lipidique d’abord on verra après, en contrepartie il fait ma paperasse.

Et bien sûr je le supporte, je l’encourage, je le félicite, je le loue et l’encense… tout au long de sa performance comptable. Alors quoi ?

Je concède que j’ai une sainte horreur de faire ma déclaration de revenus non commerciaux et assimilés sous le régime de la déclaration contrôlée. Trop de cases, trop de chiffres qui ne tombent pas juste à la fin, trop de raisons enfin de me sentir très bête alors que j’ai la prétention de croire qu’avec mes vingt-trois ans d’études j’ai un niveau plus que raisonnable en algèbre ainsi qu’un vocabulaire plutôt soutenu qui devraient logiquement me mettre à la portée d’un registre des immobilisations et des acquisitions…

Je reconnais que la simple idée de me pencher sur un imprimé mauve de la direction générale des impôts me file un urticaire carabiné doublé d’une violente tachycardie triplé d’incoercibles nausées quadruplé d’une irrépressible hyperventilation…

J’admets qu’une exploration de mes vies antérieures en hypnose montrerait une longue série d’erreurs administratives qui expliquerait sans aucun doute ce sentiment de persécution vis à vis de toute instance officielle et  permettrait de liquider mes émotions négatives.

J’avoue que cette angoisse irraisonnée trouverait facilement sa solution dans une thérapie cognitivo-comportementale du genre tenir sa comptabilité à jour au lieu de s’affoler le 31 mars 23h54.  C’est d’ailleurs ce que je me dis tous les ans.

Sauf que cette année, du fait de la cessation de mon activité libérale professionnelle en février il faut que j’en fasse deux.

Sherpapa, au secours !

Le jour où je couperai le cordon fiscal d’avec la France, je promets de l’enterrer au pied d’un érable. Et toc.

4 commentaires:

  1. Tu viens de me coller le stress, c'est malin... Et moi, Shermama s'en fout!
    ET l'URSSAF? L'ordre? Z'êtes au clair? Comment se fait le sevrage?
    Quant au temps, pas de panique: être grippé à 28°C, c'est pas terrible... Le grog au sirop d'érable passe mal...

    Rémi

    RépondreSupprimer
  2. Cher Rémi anonyme, ceci est un premier avertissement : les grossièretés en 6 lettres commençant par U sont strictement interdites sur ces pages en raison du risque de déclenchement d'état de mal chez l'auteur.

    Instances ordinales professionnelles : dès que nous aurons validé nos permis d'exercice québécois auprès du Collège des médecins, nous nous inscrirons sur la liste spéciale de l'Ordre des médecins, doux euphémisme pour désigner les sales lâches qui fuient le navire français.

    Urgggggghhhh : cessation d'activité libérale et radiation. Sauf qu'il faut à peu près un million d'années pour qu'elle soit prise en compte et d'ici-là nous restons corvéables, je veux dire assujettis aux cotisations sociales dans l'hypothétique espoir d'un remboursement du trop-perçu.

    CARMF (caisse autonome de retraite des médecins français) : radiation aussi, mais ô surprise prise en compte au bout de seulement quelques semaines ce qui nous dispense du règlement de quelques dizaines de milliers d'euros de cotisations provisionnelles. La troisième année en libéral, c'est la mort de l'auto-entrepreneur, on est bien contents d'arrêter à la fin de la deuxième ;-)

    Bon rétablissement et je confirme : pour venir à bout d'un rhume, rien ne vaut le rhum!

    RépondreSupprimer
  3. Finalement, être salarié est un luxe qui n'a pas de prix. Pour moi en tout cas.

    Et pour venir à bout d'un rhume, rien ne vaut 7 jours de patience. Mais y'a pas de mal à se faire du bien ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Cher Éric

    Ah ce vieux débat entre le salariat et l'exercice libéral... dont je ne veux pas débattre justement. Et si comme le croyait le brave agent Mulder, la vérité était ailleurs ;-)

    En tous cas, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue ici.

    RépondreSupprimer

Pour publier votre commentaire, voici dorénavant comment faire
Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessous
En dessous de Sélectionner le profil, cocher Nom/URL
Saisir votre nom (ou pseudo) après l'intitulé Nom
Cliquer sur Publier commentaire

Et c'est tout! Enfin normalement...
Bisous!